L’utilisation des archives dans les projets de restauration


Lors des projets de restauration d’un édifice, la première réaction est de savoir l’état des connaissances de cet édifice.
Les Archives municipales nous apportent la matière de fond qui nous permet, tout d’abord, de comparer avec l’état actuel et ensuite d’asseoir notre concept de restauration.
Toutefois, il est intéressant de faire une analyse critique de la fiabilité de l’iconographie des archives afin de pouvoir construire une méthodologie d’approche pour une " réelle " connaissance d’un édifice.
À travers trois exemples de chantier de restauration, nous analyserons l’apport des archives dans l’approche du projet de restauration.

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L’Hôtel de Ville

Ce type d’édifice majeur qui a fait l’objet de nombreuses campagnes de travaux pour des raisons de fonctionnement autant que politiques et de nécessité, représente aujourd’hui un " patchwork " de restaurations successives.
Il est bien difficile de les reconnaître, sur place, visuellement.
Grâce à la très abondante collection de photos conservées aux Archives municipales, la chronologie des travaux peut être reconstituée.
Si les gravures anciennes ont parfois une fiabilité discutable, leur prolifération permet de juger entre les fantaisies d’un artiste et la réalité, par recoupement.
Dans le cadre de l’étude des couvertures de l’Hôtel de Ville, actuellement en cours, les documents graphiques, les gravures et les photos nous permettent de reconstituer la cartographie de l’authenticité des couvertures suivant les époques en les confrontant aux archives écrites (devis, prix-faits) et à la réalité sur place.
Tout cela permettra de construire un diagnostic patrimonial et aidera à faire le choix d’un parti de restauration pour un monument majeur du XVIIe siècle, modifié au XVIIIe siècle et entièrement restauré au siècle suivant sans compter les modifications non négligeables générées par l’entretien permanent dont ce bâtiment fait l’objet.

La Maison du Chamarier

Dans le cadre de la restauration de cette maison, parallèlement aux données traditionnelles des archives (état architectural antérieur), la précision des photographies du XIXe siècle permet d’analyser le vieillissement des matériaux.
On constate que la tourelle sculptée de la cour a subi de nombreuses dégradations régulièrement reprises.
Grâce aux archives, le vieillissement des matériaux sur la pierre comme sur les différents ragréages peut être analysé. L’accélération des désordres est notable et permet de faire des choix dans les techniques de restauration.
Ces dommages ne sont pas décrits dans les devis, ni leur cause, mais la seule lecture des coulures sur une photo ancienne apporte souvent la réponse à la vraie raison du désordre constaté sur place.

Église Saint-Martin d’Ainay

Les plus grandes inconnues portent, par définition, sur les parties non visibles comme les zones enterrées.
Si les systèmes contemporains d’enregistrement de la connaissance ont fait des progrès considérables, quant à leur approche scientifique et leur fiabilité, un simple croquis ancien est une mine d’or de renseignements.
C’est le cas, en particulier, des croquis cotés de relevés dont les dimensions indiquées permettent la reconstitution de l’état à une époque donnée, même si ces documents ne sont généralement pas à l’échelle. Ils ont par ailleurs une véracité quasi naïve mais précieuse.
Sur le croquis des fouilles de la sacristie d’Ainay, l’envahissement de la végétation sur les glacis de contrefort nous renseigne sur les désordres d’humidité à l’époque et permet de mieux comprendre les restaurations ultérieures.

Toute restauration nécessite une connaissance des états antérieurs afin de saisir le sens des campagnes de restauration précédentes et mieux discerner les choix de restauration à effectuer aujourd’hui.