"LES ORDONNANCES
DE LA VILLE DE LION BAILLEES PAR MESSIEVRS LES CONCEILLIERS A GUILLAVME
GAVTHERET, MARCHA[N]T APPOTTICAIRE DE LA DICTE VILLE."
Trésors des Archives
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Miniature
en frontispice du Garbeau de l'Epicerie ou registre de taxes sur
les épices, 1519.
Gouache et or sur parchemin.
H. 0,230 m ; L. 0,163
m.
A l'intérieur d'un registre. Parchemin. 14 ff. chiffrés I à XXVII,
plus 9 ff. non chiffrés. Encre brune. Rubriques. Règlé à la mine
de plomb.
Bibl. - Natalis Rondot,
Les Peintres de Lyon du quartorzième au dix-huitième siècle, Paris,
1888, p. 209, note 1. - André Steyert, Nouvelle Histoire de Lyon,
t. 3, Lyon, Bernoux & Cumin, 1899, p. 51, fig. 78 (fac-similé de
l'auteur). - Georges Guigue, "Une Miniature lyonnaise : la salle
du Consulat au XVIe siècle", Revue d'Histoire de Lyon, t. 2, 1903,
pp. [139]-141, ill. en noir. - Félix Desvernay, Le Vieux Lyon à
l'Exposition Internationale Urbaine, 1914, Lyon, impr. A. Rey, 1915,
p. 208, n° 569 et addendum p. 296. - Alice & Henri Joly, "A la recherche
de Guillaume Leroy "Le peintre"", Gazette des Beaux-Arts, mai 1963,
pp. [279]-291, 12 fig. en noir.
Archives municipales
de Lyon : CC 4292, f° 2r° (Inv. Chappe, vol. XIV, p. 210, n° 3)
Réserve.
Les Ordonnances du
Garbeau ou droit de visitation de l'épicerie et de la droguerie,
concédé par Louis XI en 1465, doivent être
interprétées à la lumière de la querelle
qui opposa les échevins et les artisans lyonnais au début
du 16e siècle. Par sentiment de reconnaissance envers le
Consulat et pour commémorer l'événement de
sa nomination, Gautheret a demandé à un artiste
d'enrichir le registre du garbeau de deux miniatures placées
en regard. Celle de droite montre une séance du consulat
dans l'Hôtel de Ville de la rue Longue. Elle met en scène
les échevins, le secrétaire de la Ville et son clerc
lors de l'investiture de Gautheret, lequel est figuré de
profil et la main droite tendue, prêt à recevoir
les précieuses ordonnances. sur la page de gauche, l'artiste
a représenté, sur deux registres, et à fond
de paysage, les armes de France et les armes de la ville soutenues
par des Anges ou des Vertus. Rappelons, au passage, que Jean,
le fils de Guillaume Gautheret, avait prononcé, en 1515,
l'oraison doctorale de la Saint-Thomas.
L'attribution de ces
deux miniatures à Guillaume II Le Roy s'est effectuée
en deux temps. Julien Baudrier, dans sa Bibliographie lyonnaise
du 16e siècle (Lyon, 1896-1912) avait défini la
personnalité artistique de l'un des graveurs les plus en
faveurs auprès des libraires lyonnais au début du
16 siècle, le Maître au Nombril, appelé ainsi
en raison de la manière caractéristique dont ce
détail anatomique est rendu (un long trait vertical) dans
les figures de cet artiste. Par la suite, J. Baudrier en arriva
à identifier le Maître au Nombril avec le fils de
l'imprimeur d'origine flamande Guillaume le Roy, l'introducteur
de l'imprimerie à Lyon, et que les documents fiscaux désignent
sous le nom de "Guillaume le peintre". Frappés
par les similitudes qui se découvrent entre les bois gravés
du Maître au Nombril et des miniatures comme celles du Garbeau,
Alice et Henry Joly ont entrepris depuis de reconstituer l'oeuvre
peint de Guillaumme II Le Roy. L'attribution proposée par
ces auteurs est tout à fait convaincante. On ne saurait
perdre de vue, cependant, le fait qu'on n'a toujours pas, à
notre connaissance, apporté la preuve définitive
de l'identication du Maître au Nombril avec Guillaume II
Le Roy. Il nous faut rappeler que Rondot avait émis antérieurement
l'hypothèse d'après laquelle l'auteur des miniatures
des Ordonnances du Garbeau pouvait être le maître
peintre, illumineur et écrivain Pierre Vanier, Vanyer ou
Vannier, dit Bertrand, attesté à partir de 1493
et décédé en 1547. L'attribution est toute
conjecturale puisqu'on ne connâit aucune oeuvre certaine
de Vanier. Elle a néanmoins été reprise par
Desvernay. S'il s'avérait que le placard enluminé
du Tarif du barrage du pont du Rhône (armes de la Ville
et armes de France), conservé au musée historique
de Lyon (dépôt des Archives Municipales ; Inv. Chappe,
vol. XIII, p. 542, n° 21 ou n° 22) est bien celui commandé
à Vanier, en 1518 (cf. Marius Audin & Eugène
Vial, Dictionnaire des artistes et ouvriers d'art du Lyonnais,
t. 2d, Paris, 1919, pp. 284-285), il y aurait là, sans
doute, malgré l'état de conservation de cette pièce,
de sérieux arguments contre la thèse de Rondot.
Bibl. - André Bassard, "La Querelle des consuls et
des artisans à Lyon (1515-1521)", Revue d'histoire
de Lyon, t. 8, 1909, pp. [1]-42.
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