Conclusion tragique
d'une conspiration dont Gaston d'Orléans, comme de coutume,
faisait partie et qu'il a abandonnée, l'exécution
de Cinq Mars et de De Thou est devenue l'exemple du froid châtiment
qu'exige la raison d'Etat. L'épisode devait inspirer le
roman historique de Vigny Cinq Mars, paru en 1826,
Henri Coiffier de Ruzé d'Effiat, marquis de Cinq Mars,
né en 1620, devait à sa position de favori de Louis
XIII la dignité de grand écuyer de France et titre
de M. le Grand qui lui était attachée. On sait comment
il entra dans la conspiration ourdie contre Richelieu, son ancien
protecteur, par le frère du Roi en collusion avec l'Espagne,
comment le Cardinal eut vent du complot et fit arrêter les
conspirateurs.
Cinq Mars s'était
ouvert de ses projets de complot à son ami François
Auguste de Thou, conseiller d'Etat, fils aîné de
l'historien, et ennemi personnel du Cardinal. De Thou s'efforça
de l'en détourner en vain. Il n'en fut pas moins considéré
comme complice lorsque la conspiration fut dévoilée.
Richelieu ordonna le
transport de Cinq Mars et De Thou à Lyon où il devait
lui même se rendre. Près de mourir, le Cardinal qui
ne se déplaçait plus qu'en litière, séjourna
à l'abbaye d'Ainay durant la durée du procès.
Les prisonniers arrivèrent au château de Pierre-Scize,
le 3 septembre 1642. Le jugement commença immédiatement.
La sentence les condamna tous deux à la peine capitale,
à savoir la décapitation. L'exécution eut
lieu sur la place des Terreaux, le 12 septembre 1642, entre quatre
et cinq heures du soir. Le massacre, par un bourreau inexpérimenté,
de ces deux élégants et nobles jeunes gens bouleversa
les spectateurs.
Le récit sincère
et émouvant qu'offre le manuscrit anonyme des Archives
Municipales, exprime l'émotion d'un vrai témoin.
M.Cl. Guigue qui, au siècle dernier, fit imprimer cette
relation inédite, écrivait qu'il s'agit d'un "monument
curieux de notre histoire locale, par les détails circonstanciés
qu'elle révèle, par les noms qu'elle produit."
On peut en vérifier l'exactitude, pour les faits principaux,
sur le procès-verbal de l'exécution dressé
par les soins des échevins lyonnais, responsables de l'ordre
public (Registres consulaires, BB 196, ff° 175-176). Cette
relation de deux "fins très-chrétiennes"
révèle des qualités d'écrivain certaines
chez son auteur. On n'a pu percer, jusqu'ici, le secret de l'acronyme
P.C. La présence de ce document aux Archives de la Ville
est attestée depuis le 18e siècle.
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