"Elévation & Coupe du Silphe fini. Plan 2.eme".

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Sarrazin de M.r.

Vers 1784.

Plume et lavis gris, trait d'encadrement à la plume et encre brune, sur papier vergé.
S.b.g. : "=Sarrazin de M.r Inv. Del."
Inscription, à droite au centre, conforme au titre.
Annotation au verso au crayon rouge : "II / Ch. XX - 337".
H. 0,262 m ; L. 0,372 m.

Archives municipales de Lyon : 3 S 1244 (série II, non coté).

Le 19 janvier 1784, les frères de Montgofier renouvelèrent à Lyon les expériences d'élévation dans les airs d'un aérostat qui, quelques mois plus tôt, avaient étonné Paris et Versailles. Le ballon, d'une dimension encore jamais atteinte, avait été baptisé "Le Flesselles" du nom de l'Intendant de Lyon. Le 5 juin de la même année, le ballon "La Gustave" s'élevait au-dessus de Lyon en présence du roi de Suède, Gustave III. Ces démonstrations enthousiamèrent les Lyonnais. L'académie de Lyon, vivement intéressée par les aspects techniques de l'entreprise, ajouta encore à la ballomanie qui faisait rage dans toute l'Europe. Non contente de publier un intéressant recueil sur le sujet (Cf. Rapport fait à l'académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, Sur l'Expérience de l'Aérostat, faite le 19 Janvier 1784 ; Auquel on a joint une Dissertation de quelques Académiciens, sur le Fluide, principe de l'Ascension des Machines aérostatiques développées par l'action du feu, s.l.n.d., 8-20 p., pl. gravée hors texte), la Compagnie savante mettait au concours, l'année même des premières ascensions lyonnaises, tel sujet : "Indiquer la manière la plus sûre, la moins dispendieuse et la plus efficace de diriger à volonté les machines aérostatiques". La bibliothèque de l'Académie conserve un grand nombre des mémoires et des plans parmi les quelque cent-un projets qui lui ont été adressés (Ms. 233). Le prix pour la dotation duquel l'intendant Flesselles et M. de St-Vincent avaient avancé la somme de 1200 livres tournois, fut renvoyé à l'année 1785 avant d'être définitivement retiré. On ignore comment le projet de Sarrazin qui paraît en rapport avec ce concours, s'est retrouvé dans les fonds des Archives Municipales. L'un et l'autre fait pourraient s'expliquer à la lumière des ordonnances de polices rendues à Lyon, les 20 novembre 1783, 27 mars et 6 mai 1784, et par lesquelles il est défendu à quiconque de procéder à des expériences aérostatiques en raison des risques d'incendie qu'elles font courir :

"Nous croyons devoir prévenir le public, que le Gouvernement, convaincu des malheurs qui pourraient résulter de l'abus des Ballons, & combien ils pourroient occasioner d'incendies dont il seroit difficile d'arrêter les progrès, a donner des ordres dans toutes les Provinces, pour arrêter la fabrication & l'usage de semblables Machines, même de tous Aérostats que voudroient entreprendre des personnes sans connaissance ni capacité ; & pour faire précéder les expériences que voudroient faire des personnes savantes & éclairées, d'une permission expresse du Gouvernement." (Ordonnance de police, 6 mai 1784, Lyon, Imprimerie de la Ville, 1784, p. 2).

L'auteur de ce projet, "sans connaissance ni capacité", est peut-être la personne de même nom qui avait inventé une machine pour fabriquer les bas à côte avec maille à l'endroit et à l'envers, invention sur laquelle les académiciens Brisson et Montluel ont fait un rapport en 1782. L'Indicateur alphabétique de Lyon pour l'année 1788 mentionne un sieur Sarrasin, marchand "clincailler", place des Terreaux.

On sait que le silphe, avant de désigner un genre d'insectes de l'ordre des coléoptères, était le nom des génies élémentaires de l'air dans la mythologie celtique. L'idée de s'aider de rames pour guider l'aérostat était celle, aussi, de Mongolfier comme nous l'apprend une lettre du comte d'Antraigues, en date du 28 juin 1784 : "Mongolfier est encore à Annonai, nous attendons le ballon que le roi doit lui envoier. Il a imaginé de garnir la galerie entre le ballon et le foyer d'une toile tendue à 15 pouces de distance, afin que ceux qui seront dans la galerie ne soient point incommodés par la chaleur. Les rames pour essaier de le diriger sont faites et prêtes à être posées. Dès que le ballon sera ici nous ferons des essais." (L.A. citée dans le Catalogue de la bibliothèque de Paul Dissard, Lyon, 1930, p. 65, n° 565). Cinq ans plus tard, un obscur baron Scott, capitaine de dragons, fait paraître à Paris une brochure, ornée de planches, sur un Aérostat dirigeable à volonté...

Bibl. - Jean-Baptiste Dumas, Histoire de l'académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, Lyon, Giberton & Brun, 1839, 2 vol. ; en particulier vol. 1, pp. 170-175, 211, et 315. - Pierre-Louis Clément, Les Mongolfières : leur invention, leur évolution du XVIIIe siècle à nos jours, Paris, Tardy, 1982, 193 p., ill.

 

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