Sous l'Empire et la
Restauration, les édiles lyonnais se préoccupèrent
peu d'achever et de développer les projets d'urbanime dont
la conception et le début de réalisation remontaient
au siècle précédent. Plus que les aménagements
de l'extrémité de la Presqu'Ile (projet Perrache)
et de la rive gauche du Rhône (projet Morand), aménagements
abandonnés à l'initiative privée, c'est la
création de quais, le percement de nouvelles voies, les
problèmes soulevés par les alignements qui formaient
alors l'essentiel des tâches qu'avaient devant elles les
nouvelles municipalités. La redistribution foncière
apportée par la Révolution et le démembrement
des vastes propriétés ecclésiastiques offraient
les conditions d'"embellissement" et de fonctionnalisme
urbains qu'appelait le renouveau économique de la Ville.
Pour mettre en application cette politique d'urbanisme, la ville
s'était dotée d'un véritable service de voirie,
là où suffisait, auparavant, un simple voyer. Il
faudra attendre, néanmoins, le début du Second Empire
pour voir les fonctions de voirie nettement distinguées
de celle d'architecture avec, pour l'une et l'autre, une direction
séparée.
L'instrument de cette
politique d'urbanisme consistait dans un plan directeur tel que
le prescrivait l'article 52 de la loi du 16 septembre 1807 (Loi
relative au Dessèchement des Marais, etc. ; titre XI :
Des Indemnités aux propriétaires pour occupation
de terrains ) :
"Dans les villes,
les alignemens pour l'ouverture des nouvelles rues, pour l'élargissement
des anciennes qui ne font point partie d'une grande route, ou
pour tout autre objet d'utilité publique, seront donnés
par les maires, conformémént au plan dont les projets
auront été adressés aux préfets, transmis
avec leur avis au ministre de l'intérieur, et arrêtés
en Conseil d'état."
Le plan général
de Lyon, établi sur une triangulation préalable,
par l'ingénieur-géomètre Coillet, répond
très précisément à cette nécessité
d'une programmation des travaux de voirie. C'est, pour la ville
de Lyon, le premier plan de ce genre à avoir été
ordonné et dirigé par l'administration municipale.
Son exécution demanda plusieurs années, à
partir de 1808. Il se présente sous trois versions également
manuscrites :
- Un plan en feuilles à l'échelle 1/900e dont nous
ne conservonns que 13 feuilles sur les 24 qu'il devait comporter
(Lyon, A.M. : 2 S 902 1-13).
- Un plan d'assemblage
des 24 feuilles à l'échelle 1/900e exposé,
ici, sous le n° 57.
- Deux atlas à
l'échelle 1/300e, l'un en trois volumes (2 S Atlas 9) et
sa copie en un seul volume que nous exposons sous le n° 59.
Bien qu'on relève
sur l'une de ces versions la date du 28 juillet 1821 ainsi que
le visa préfectoral à la date du 3 novembre 1823,
nous savons que le plan n'a pas été achevé
avant 1826. Peut-être même, subit-il quelques mises
à jour après cette date. Il existe de nombreuses
différences de détails entre ces diverses versions.
Le plan géométral de Coillet a fait l'objet, à
l'époque, de quatre expositions publiques, précisément
les 15 octobre 1817, 10 mars 1819, 5 juillet 1824 et 22 avril
1826.
L'atlas présenté
comporte plusieurs documents annexes qui en font un abrégé
très exact de la politique municipale en matière
d'urbanisme durant le premier quart du 19e siècle.
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