Affiche pour l'exposition internationale urbaine de 1914.

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Cappiello, Leonetto
Livourne, 1875 - Grasse, 1942.

1913.

Impression en quatre couleurs sur papier avec raccord, en haut, pour le titre.
H. 2,340 m ; L. 1,400 m.
S.D.b.d. (dans le dessin) : L Capiello - 1913.
S.b.d. : Imprimerie publicté Etabl.ts Vercasson 6. rue martel Paris.
Marque à gauche, au centre : Etablissements Vercasson 6, rue Martel Paris. Reproduction interdite.
Inscription sur bande rapportée, en haut : Exposition internationale Lyon 1er mai 1er novembre 1914.

Archives municipales de Lyon : Affiche grand format n° 3103.

L'exposition internationale urbaine de Lyon, en 1914, a été voulue et, dans une large part, conçue par le jeune maire Edouard Herriot comme le manifeste de la science nouvelle de l'urbanisme. La diffusion du mot (forgé par un Lyonnais en 1912) est contemporaine de l'Exposition ; Herriot est l'un de ses premiers utilisateurs dans la préface du Guide de l'Exposition. Ailleurs, il écrivait ceci où transparaît le débat sur les questions d'urbanisme qui agitait alors le milieu des décideurs lyonnais et dont l'un des protagonistes était Tony Garnier (1869-1948), l'auteur d'un projet de Cité industrielle (publié en 1917) :

"Voici donc notre Exposition lyonnaise ouverte. Au début, nous ne voulions qu'une manifestation réduite à l'étude des formes diverses de l'activité urbaine. Nous voulions, nous voulons encore présenter sous ses aspects différents, La Cité Moderne. Ce sont nos amis qui nous ont entraînés. L'ardeur soutenue de mes deux commissaires généraux, M. Jules Courmont, professeur à la Faculté de Médecine, et M. Louis Pradel, membre de la Chambre de Commerce de Lyon ; le talent d'un architecte, unique entre tous, M. Tony Garnier, dont le nom sera bientôt célèbre [...] tout cela nous a conduits à amplifier notre programme. Internationale dès le début, notre Exposition s'est faite universelle. De la science la plus sévère à l'art le plus concret, toutes les formes intéressantes de l'activité humaine ont réclamé et occupé leur place. Malgré la réserve à laquelle nous sommes condamnés, nous osons affirmer que l'Exposition de la soierie lyonnaise, les reconstitutions de notre Mobilier national, les présentations de nos manufactures, le délicieux groupement des arts décoratifs, notre Salon de peinture qui va du classicisme au futurisme, forment un ensemble d'une haute tenue qui donnera aux visiteurs l'impression la plus forte de la persistance du génie et du goût français." (E. Herriot, "Une Exposition", La Chronique des expositions, Paris, juillet 1914, pp. 4-5 ; l'avertissement de la rédaction précise que ce texte a été écrit pour les "Annales politiques et littéraires").


C'est, peut-être, pour témoigner de cette diversité de l'invention et du goût artistiques de l'époque qu'il fut demandé à des artistes aussi différents et talentueux que Jules Chéret (1836-1933), Cappiello et Tony Garnier de dessiner les affiches de l'Exposition. Celle de l'architecte serre au plus près le thème de la ville moderne régénérée par l'hygiénisme et le fonctionnalisme. Autour de la perspective de la Grande Halle, cantonnée de quatre petites scènes ou vignettes "hygiénistes", elle montre des vues de Lyon, notamment le site de la manifestation. Le programme est précisé par la légende : Ville de Lyon, Exposition internationale, La Cité moderne, et par l'épigraphe : L'Hygiène devrait être "l'unique source" de toutes les lois. Chéret et Cappiello ont conçu, chacun de leur côté, des compositions allégoriques avec, pour l'un, le couple du rhône et de la Saône, pour l'autre, la figure de la Ville et celles de ses Fleuves. Proches dans leur sujet, ces deux affiches différent profondément par le style. On mesure quel chemin a dû parcourir Cappiello depuis l'époque de ses débuts à Paris quand il imitait les grâces modern style de Chéret. Ici, il est déjà en pleine possession de ses moyens.

Empruntons à Sylvie Bécot sa pénétrante analyse de l'apport de Cappiello à l'art publicitaire :

"Il est le premier à énoncer et à appliquer une théorie de l'affiche dont les principes restent actuels : l'affiche doit se trouver en complète opposition avec ce qui l'entoure ; elle doit faire tache claire sur fond sombre ou l'inverse ; elle peut et doit utiliser des couleurs dissonnantes ; elle doit provoquer la surprise par une image à la fois extravagante et simple qui s'identifie au produit et se grave dans les mémoires mieux que tout énoncé. Enfin ces éléments doivent être unis par une ligne d'ensemble, une arabesque." (Cf. Bibliothèque Nationale, 1913, catalogue de l'exposition organisée à l'occasion du 70e anniversaire de la fondation de la Société des Amis de la Bibliothèque Nationale, Paris, S.A.B.N., 1983, p. 92, ill.)

Les Archives Municipales ont l'avantage de conserver un exemplaire de chacune de ces affiches. Le musée des beaux-arts de Lyon possède un intéressant fonds Cappiello, donné par sa veuve. On n'y trouve pas, cependant, la maquette ou des projets en rapport avec notre affiche.


Bibl. - Alain Charre, "Organisation esthétique des villes et projets d'urbanisme : Lyon, 1905-1914", Travaux de l'institut d'histoire de l'art de Lyon, cahier n° 7, 1984, pp. 66-77, fig. 27-28 ; en particulier pp. 71-73. - Centre national d'art et de culture Georges Pompidou, Tony Garnier : l'oeuvre complète, Paris, Ed. du Centre Pompidou, 1989, ill. en coul. p. 140. - Archives municipales de Lyon, Une Femme, deux fleuves, un lion : allégories et symboles relatifs à la ville de Lyon, depuis sa fondation jusqu'à nos jours, catalogue de l'exposition, 20 février-31 mars 1990, multigraphié, p. 28, n° 45 (par Sophie Martin).

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