La renommée mondiale de la soierie lyonnaise incite à en rechercher
les origines. Des réfugiés lucquois et italiens fuyant les guerres
civiles de leurs pays se sont établis à Lyon et dans la vallée
du Rhône où ils ont acclimaté les mûriers. Louis XI qui cherchait
à développer le commerce et voulait l'industrie prospère, pour
favoriser l'installation des ouvriers et d'ouvrières en soie à
Lyon, promulga l'ordonnance de 1466. Pour lutter contre la concurrence
italienne, il essaya d'introduire à Lyon "l'art et artifice de
faire des draps d'or et de soie, ensemble les soies, outils et
autres choses nécessaires audit art et aussi le paiement des maitres
ouvriers et ouvrières qui y viendraient pour établir et commencer
icellui art". Le Roi ajoutait : "nous avons imposé pour cette
présente année ladite ville de Lyon à la somme de 2OOO livres
tournois...cette somme levée... et distribuée aux maîtres teinturiers,
filatiers et à toutes autres choses nécessaires pour introduire
ledit art et artifice et aussi les soies..."
Mais les Lyonnais s'opposèrent à l'application de l'ordonnance
royale et eurent finalement gain de cause. Aussi, le 12 mars 1469,
le Roi fit-il transférer à Tours la manufacture.
Il fallut attendre 1536 pour voir l'implantation de l'industrie
de la soie à Lyon. Avec François 1er, la Renaissance et ses goûts
de luxe provoquent des achats et l'importation des draps italiens
et des velours de Gènes. Pour lutter contre la concurrence et
développer l'industrie, Francois 1er accorde aux piémontais Etienne
Turquet et Barthélemy Naris les privilèges nécessaires à l'établissement
de métiers à tisser la soie (octobre 1536). Il les exempte du
droit d'aubaine, de la taille, du droit de douze deniers, de l'entrée
sur le vin, de l'obligation de guet et de garde. Les ouvriers
étrangers qui souhaiteront s'installer à Lyon, bénéficieront des
mêmes avantages.
Peu à peu se constitue la manufacture lyonnaise de soierie qu'on
appellera, au 18e siècle, la Grande Fabrique. En 1554, le travail
de la soie occupait 1200 personnes. En 1575, le rôle des ouvriers
mentionne 164 veloutiers, 31 taffetatiers, 11 fileurs de soie
et 15 teinturiers. En 1621, 716 maîtres travaillaient la soie,
2459 en 1660, 1800 en 1739. Au 18e siècle, c'est 60 000 personnes
qu'occupe le travail des draps d'or, d'argent et de soie. Pendant
les périodes de crises économiques, ou de moindre activité, les
ouvriers sont contraints au chomage.
Bibl. - Vital de Valous, Etienne Turquet et les Origines de la
fabrique lyonnaise : recherches et documents sur l'Institution
de la Manufacture des étoffes de soie (1466-1536) ; Notice historique
accompagnée d'une généalogie de la famille Turquet, Lyon, Mougin-Rusand,
1868, 72 p.
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