Comme il a été
rappelé dans le commentaire de la pièce n° 17,
les foires lyonnaises étaient fréquentées
par toute l'Europe commerçante. Cet afflux d'étrangers
est à l'origine de la prospérité de la ville
au 16e siècle. Marchands et banquiers italiens dominent
les grandes heures de cette activité. Les marchands allemands
sont aussi représentés et leur importance ira en
s'accroissant aux 17e et 18e siècles. Le document exposé
est un témoin très parlant de cette présence
de la nation germanique.
Les privilèges
des foires de Lyon octroyaient certaines exemptions aux marchands
qu'on souhaitait attirer. A l'époque des guerres d'Italie,
les rois de France concédèrent aux marchands suisses
des avantages commerciaux appréciables. Le 8 février
1499, Louis XII accordait, pour dix ans, aux marchands de la ligue
helvétique des dix cantons une dizaine de jours supplémentaires
d'exemption après la foire :
"(...) ils et
chacun d'eux puissent pendant les dix jours apres l'expiration
de la dicte franchise et liberte entrer et fréquenter marchandement
en nostre ville de Lyon et d'icelle en tirer et transporter les
denrees et marchandises a eulx nommement appartenans (...)"
(A.M.L. : HH 291).
Par la suite, cet avantage
fut étendu aux marchands allemands des villes impériales
(Augsbourg, Nuremberg, Ulm, Strasbourg, Nordlingen, Memmingen,
etc.). François 1er, le 14 mars 1516, renouvela cette concession
aux marchands suisses et allemands tout en portant à quinze
jours la durée de l'exemption :
"[...] pouvoir
trafiquer en France avec toutes sortes de marchandies non prohibées,
francs et exempts de tous susides, taxes et nouveaux impots et
avoir pour cela seureté,sauf-conduit et protection de prter
armes,avec clause de pouvoir trafiquer, entrer, sortir, et lever
leus marchandises quinze jours après les foires de Lyon
avec pareile franchise que durant le temps de leur durée."
(A.M.L. : HH 292 et 293).
Ses successeurs à
plusieurs reprises renouvelèrent ces privilèges.
La présence
de ces marques dans un dossier concernant la douane de Lyon est
tout à fait claire et datée. Lors de la révision
du rôle des marchands allemands habilités à
jouir des privilèges particuliers que nous venons de rappeler,
l'ancien document qui remontait à 1579 fut remis aux Archives
par les préposés à la perception des droits
de rève (taxe sur la circulation des marchandises) :
"1er avril 1621
En exécution de l'acte consulaire du neufviesme mars dernier,
le nouveau roolle et pancarte des marques des marchands et bourgeois
des villes impériales qui de présent negocient en
ce royaulme et doibvent jouir des exemptions concedees par les
roys présenté par les desputes des dictes villes
a esté remid a Morel Archimbaud et Nicolas Fastelly,commis
a la perception des droits de resve appartenans a la dicte ville
et ont les dicts commis rendu l' ancien roolle des dictes marques
et inscriptions des marchands des dictes villes,lesquels cy devant
negotiyerent en ceste dicte ville ; lequel les dicts sieurs ont
faict mettre dans les archives d'icele pour y avoir recours quand
besoin sera, dont a este dresse le present acte." (A.M.L.
: BB 158)
Le dépôt
des noms et marques est une garantie contre les risques de fraude.
Elles sont recueillies et présentées par le procureur
de la nation germanique.
Le rôle de 1579
comporte 24 marchands d'Augsbourg, 24 de Nuremberg, 6 d'Ulm et
6 de Strasbourg. La marque que devaient porter les ballots de
marchandises est un monogramme : chiffre composé des initiales
ou des principales lettres du nom du marchand. Comme les monogrammes
médiévaux, le graphisme de ces marques est bâti
sur un schéma qui rappelle le chiffre 4.
On s'attendrait à
trouver aux Archives de la Ville d'autres inscriptions de marques
commerciales. Ce document reste, pourtant, isolé.
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