"Inscription du nom & marques des marchans des villes impériales d'allemagne".

 

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16 septembre 1579.

Plume et encre brune sur parchemin.
Cahier de 3 feuilles de parchemin pliées en deux.
H. 0,350 m ; L. 0,280 m / 0,550 m.

Bibl. - Expositions du bimillénaire de Lyon, Aspects de Lyon au XVIe siècle, p. 62, n° 78 (par Alice Joly).

Archives municipales de Lyon : HH 292 Réserve.

Comme il a été rappelé dans le commentaire de la pièce n° 17, les foires lyonnaises étaient fréquentées par toute l'Europe commerçante. Cet afflux d'étrangers est à l'origine de la prospérité de la ville au 16e siècle. Marchands et banquiers italiens dominent les grandes heures de cette activité. Les marchands allemands sont aussi représentés et leur importance ira en s'accroissant aux 17e et 18e siècles. Le document exposé est un témoin très parlant de cette présence de la nation germanique.

Les privilèges des foires de Lyon octroyaient certaines exemptions aux marchands qu'on souhaitait attirer. A l'époque des guerres d'Italie, les rois de France concédèrent aux marchands suisses des avantages commerciaux appréciables. Le 8 février 1499, Louis XII accordait, pour dix ans, aux marchands de la ligue helvétique des dix cantons une dizaine de jours supplémentaires d'exemption après la foire :

"(...) ils et chacun d'eux puissent pendant les dix jours apres l'expiration de la dicte franchise et liberte entrer et fréquenter marchandement en nostre ville de Lyon et d'icelle en tirer et transporter les denrees et marchandises a eulx nommement appartenans (...)" (A.M.L. : HH 291).

Par la suite, cet avantage fut étendu aux marchands allemands des villes impériales (Augsbourg, Nuremberg, Ulm, Strasbourg, Nordlingen, Memmingen, etc.). François 1er, le 14 mars 1516, renouvela cette concession aux marchands suisses et allemands tout en portant à quinze jours la durée de l'exemption :

"[...] pouvoir trafiquer en France avec toutes sortes de marchandies non prohibées, francs et exempts de tous susides, taxes et nouveaux impots et avoir pour cela seureté,sauf-conduit et protection de prter armes,avec clause de pouvoir trafiquer, entrer, sortir, et lever leus marchandises quinze jours après les foires de Lyon avec pareile franchise que durant le temps de leur durée." (A.M.L. : HH 292 et 293).

Ses successeurs à plusieurs reprises renouvelèrent ces privilèges.

La présence de ces marques dans un dossier concernant la douane de Lyon est tout à fait claire et datée. Lors de la révision du rôle des marchands allemands habilités à jouir des privilèges particuliers que nous venons de rappeler, l'ancien document qui remontait à 1579 fut remis aux Archives par les préposés à la perception des droits de rève (taxe sur la circulation des marchandises) :

"1er avril 1621
En exécution de l'acte consulaire du neufviesme mars dernier, le nouveau roolle et pancarte des marques des marchands et bourgeois des villes impériales qui de présent negocient en ce royaulme et doibvent jouir des exemptions concedees par les roys présenté par les desputes des dictes villes a esté remid a Morel Archimbaud et Nicolas Fastelly,commis a la perception des droits de resve appartenans a la dicte ville et ont les dicts commis rendu l' ancien roolle des dictes marques et inscriptions des marchands des dictes villes,lesquels cy devant negotiyerent en ceste dicte ville ; lequel les dicts sieurs ont faict mettre dans les archives d'icele pour y avoir recours quand besoin sera, dont a este dresse le present acte." (A.M.L. : BB 158)

Le dépôt des noms et marques est une garantie contre les risques de fraude. Elles sont recueillies et présentées par le procureur de la nation germanique.

Le rôle de 1579 comporte 24 marchands d'Augsbourg, 24 de Nuremberg, 6 d'Ulm et 6 de Strasbourg. La marque que devaient porter les ballots de marchandises est un monogramme : chiffre composé des initiales ou des principales lettres du nom du marchand. Comme les monogrammes médiévaux, le graphisme de ces marques est bâti sur un schéma qui rappelle le chiffre 4.

On s'attendrait à trouver aux Archives de la Ville d'autres inscriptions de marques commerciales. Ce document reste, pourtant, isolé.

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