"Projet pour la construction d'un quartier administratif, à Lyon, à l'emplacement de la place Bellecour, dédié au marquis de Villeroy, gouverneur du Lyonnais.

 

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Hardouin-Mansart, Jules
Paris, 1646 - Marly, 1708.

17 septembre 1677.

Plume et encre noire, lavis gris et brun, aquarelle, sur papier vergé et filigrané, en deux feuilles collées en plein. Quatre retombes. Manque restauré et redessiné, en haut, à gauche. Restauré en 1875 et en 1990.
H. 0,992 m ; L. 0,952 m.
S.D.h.c. : "a Monseigneur le Marquis de Villeroy / Cons. du Roi et pair gouverneur et Lieutenant géné.al / pour sa Majesté de la Ville de Lyon, pays de Lyon.is / forest Beaujollois / 17 Septembre 1677 / Par son tres humble et / tres affecttioné serviteur / Mansart".
Timbre humide, h.c. : armes du marquis de Villeroy, gouverneur de Lyon : d'azur au chevron d'or accompagné de trois croissettes ancrées du même.
Timbre humide, b.c. : le monogramme du Christ avec la légende Collegii Lugdunensis Societatis Iesu.

Bibl. - Benoît Vermorel, "Historique et statistique des voies publiques comprises dans les quartiers de Bellecour, Ainay, Perrache et presqu'île Perrache", Ms. (avant 188.), pp. 69-73 (A.M.L. : 3 II 19). - E.L.G. Charvet, Lyon artistique : architectes : notices biographiques et bibliographiques, Lyon, Bernoux & Cumin, 1899, pp. 233-238, en particulier p. 234. - Félix Rivet, Le Quartier Perrache (1766-1946) : étude d'histoire et de géographie urbaines, Lyon, Audin, 1951, 126 p.-46 pl. h.t. (Institut des études rhodaniennes de l'université de Lyon, Mémoires et documents ; 6) ; en particulier pp. 5-6. - Institut d'histoire de l'art de l'université Lyon II, L'Art baroque à Lyon, catalogue de l'exposition, Lyon, novembre 1972, p. 49, n° 79 (par Gilbert Gardes). - G. Gardes, "La Décoration de la place royale de Louis Le Grand (place Bellecour) à Lyon, 1686-1793", ch. IV, "Les Plans et les façades", Bulletin des musées et monuments lyonnais, 1975, pp. 338-343, fig. 1. - Pascal Clerc, "Urbanisme et histoire de l'art : le quartier Perrache, 1766- 1934", position de mémoire de maîtrise, Travaux de l'institut d'histoire de l'art de Lyon, cahier n° 8-9, 1985, pp. 148- 160, ill. ; en particulier p. 151.

Provenance. Projet d'acquisition, à la date du 1er juillet 1859, pour la somme de 30 Francs, par l'intermédiaire du chevalier de Saint-Thomas (cf. A.M.L., série R, coté provisoirement en 1 WP 6, lettre de l'archiviste Gauthier au secrétaire général de la préfecture du Rhône en date de Lyon, le 1er juillet 1859). D'après Vermorel qui a sans doute recueilli le témoignage de Gauthier, le plan a été acquis par la Ville, en 1865, après que le célèbre bibliophile lyonnais Coste, à qui un particulier l'avait proposé, a refusé d'en payer le prix demandé.

Archives municipales de Lyon : 1 S 113.

Hardouin-Mansart travaillait au château de Versailles lorsqu'il conçut ce projet à la demande du gouverneur de Lyon, Nicolas V de Neuville Villeroy (1598-1685), maréchal de France, duc et pair. C'est en 1678, qu'il aura la direction des travaux d'agrandissement du palais. Près d'un siècle avant le projet de l'architecte A.M. Perrache (1766), il imagine de relier entre elles les îles du Confluent. Cet important projet, bien publié par Gilbert Gardes, n'a pas connu le plus petit commencement d'exécution.

Selon l'expression de Vermorel, Hardouin-Mansart "fait de ce nouveau quartier une sorte de cité administrative". Tous les services de l'administration royale - y compris les Archives - sont logés dans dix-huit édifices. Depuis 1312, date à laquelle Lyon a été réuni au domaine du roi de France, jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, l'Administration royale y était représentée par des agents et des officiers regroupés au sein d'institutions à vocation militaire, administrative, fiscale ou judiciaire. Lyon était le siège du gouvernement des provinces de Lyonnais, Forez et Beaujolais, circonscription militaire placée sous l'autorité du gouverneur que secondait un lieutenant général. Ni l'un ni l'autre n'était tenu de résider dans la ville. Le cadre administratif et fiscal était constitué, depuis 1542, par la Généralité, unité territoriale divisée en éléctions et subdélégations. L'Intendant dépendait directement du Conseil du Roi dont il veillait à faire exécuter les décisions et à qui il devait rendre compte des affaires de sa province. De ce fait, il était l'interlocuteur privilégié du Consulat. Le Bureau des Finances où siégeaient les trésoriers de France, assurait la perception des tailles et des aides à l'intérieur de la Généralité. Deux institutions se partageaint le domaine de la justice royale : la Sénéchaussée, correspondant au premier degré de juridication et le Siège Présidial.

De même qu'à Versailles, le divertissement (théâtre, promenade) est une occupation programmée et contrôlée par le pouvoir.

Vermorel paraît tenir pour certain l'historique d'après lequel le plan passa des mains du Gouverneur dans celles de son oncle Camille de Neuville (1653-1693), archevêque de Lyon ; qu'il faisait partie de la riche bibliothèque de celui-ci, léguée, à sa mort, aux Jésuites du collège de la Trinité. C'est, en effet, leur cachet que l'on voit sur le plan. "Pendant la Révolution, poursuit Vermorel, beaucoup d'ouvrages furent soustraits à cette bibliothèque, parmi lesquels le plan dont il s'agit." On peut supposer, à l'encontre de ce témoignage, que le plan a été distrait de la bibliothèque du Collège à l'époque de l'expulsion des Jésuites. Il serait réapparu à Lyon, vers 1832, avec le retour des membres de la Compagnie de Jésus. D'où l'entremise du chevalier de St-Thomas.

Les Archives Municipales conservent la photographie d'une réplique non localisée de ce plan avec quelques variantes qui paraissent d'époque (les "degrés" entre le palais de l'Intendance et la place) et d'autres postérieures (annotations) (3 S 1229 ; don Louis Jasseron).


Bibl. - Ennemond Fayard, Etudes sur les anciennes juridictions lyonnaises, Paris, Guillaumin, Lyon, P. Giraudier, 1867, 309 p.

 

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