Le souci de commémorer
le souvenir du siège de Lyon face aux armées de
la Convention et celui de la dure répression qui s'ensuivit,
remonte au lendemain de Thermidor. L'architecte lyonnais Cochet,
élève du célèbre Boullée, avait
édifié un cénotaphe aux victimes du Siège
dans la plaine des Brotteaux où s'étaient déroulées
les exécutions en masse et où les cadavres avaient
été ensevelis. Plusieurs estampes nous ont conservé
le souvenir de ce monument qui fut détruit après
un an d'existence, le 10 janvier 1796. Avec la Restauration, le
projet fut repris sur des bases plus ambitieuses. Tandis qu'à
Paris, l'on projetait la Chapelle Expiatoire destinée à
recevoire les restes, sinon les reliques, de la famille royale,
on organisait, à Lyon, une souscription à l'effet
de construire un monument funéraire où seraient
conservés les ossements de ceux en qui l'on voulait voir
les martyrs de l'anti-Révolution. Le projet était
soutenu par le propre frère du Roi, le comte d'Artois.
Celui-ci posa symboliquement la première pierre du Monument,
le 21 octobre 1814. Un concours d'architecture fut organisé
de juillet à décembre 1816. Le programme prescrivait
:
"Un monument religieux, d'un genre simple mais noble, qui
se fasse dinstinguer par l'exactitude et l'ensemble de ses proportions,
plutôt que par des ornements dont il faut être avare
lorsqu'il est question d'un édifice funéraire ;
dans l'intérieur, un seul autel et une place destinée
à recevoir les stèles où seront inscrit les
noms des souscripteurs. cette église étant consacrée
à un objet déterminé, les Artistes pourront
lui donner toutes les formes qu'ils jugeront convenir le mieux
à sa destination. [...] Il n'y aura pas de chapelle souterraine
mais seulement un caveau voûté, destiné à
recevoir les ossements qui seront recueillis sur le lieu même
et dans les terrains environnants."
Vingt-et-un projets
furent présentés. Le jury vota pour celui du jeune
Chenavard, mais c'est à son aîné Cochet que
revint finalement la commande. Les Archives Municipales conservent,
avec les dessins de l'un et l'autre projets, lesquels furent gravés
à l'époque, ceux d'un projet inédit signé
du monogramme h.f.j. (Frédéric Hotelard ?). Celui-ci
avait imaginé un temple grec au milieu d'un jardin élysée.
Avec sa pyramide réduite à une façade, le
Monument de Cochet essuya des critiques. Il fut sacrifié,
en décembre 1906, pour des motifs de voirie mêlés
de réactions anticléricales et de spéculation
foncière. Le nouveau Monument, construit à proximité
sur les plans de l'achitecte Pascalon, était prêt
à recevoir les restes des victimes depuis plusieurs années.
Bibl. - [Maurice de
Boissieu], Le Monument religieux des Brotteaux : historique, Lyon,
M. Audin, 1925. - Elisabeth Hardouin-Fugier, "Le Souvenir
des victimes de 1793 à Lyon : du cénotaphe (1795)
aux chapelles (1906)", Pr atiques religieuses dans l'Europe
révolutionnaire (1770-1820), actes du colloque de Chantilly,
27-29 novembre 1986, pp. 660-668, ill. - Françoise Laloy,
Le Monument des Brotteaux aux victimes du siège de Lyon,
mémoire de fin d'études pour le diplôme de
l'Institut d'Etudes Politiques, université Lumière-Lyon
2, octobre 1989, datylographié.
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