Le groupe Manouchian
est un groupe de résistants, vingt-deux hommes et une femme,
rassemblés autour du poète arménien Missak
Manouchian. On compte parmi eux, cinq Italiens, un Espagnol, deux
Arméniens, les autres étant originaires de l'Europe
de l'Est. Onze d'entre eux était de religion israélite.
Né à
Adryaman (Turquie), en 1906, Manouchian est arrivé en France
à l'âge de neuf ans. Ouvrier, il entre dans la Résistance
en 1942. Il avait d'abord fait partie de la branche étrangère,
MOI (Main d'Oeuvre Immigrée), de la Résistance communiste,
F.T.P. (Francs Tireurs Partisans), avant de fonder le groupe qui
porte son nom. multiplia les attentats contre l'occupant nazi.
Arrêtés
en novembre 1943, à la suite d'une dénonciation,
les membres du groupe Manouchian furent condamnés, après
un procès de trois jours, le 21 février 1944. Les
hommes furent exécutés, le jour même, au Mont
Valérien. La femme fut décapitée à
Stuttgart ultérieurement. Les Allemands avaient voulu faire
du procès des "Vingt-trois" une entreprise de
propagande.
Les circonstances dans
lesquelles eut lieu l'arrestation du groupe Manouchian demeurent
obscures. Ces dernières années, la question a fait
l'objet d'une polémique. Il semblerait que le groupe ait
été utilisé dans les actions trop périlleuses
pour ses moyens et qu'il n'ait pas été suffisamment
prévenu par la direction de la Résistance communiste
des risques qu'il courait.
L'Affiche rouge a été
placardée, le 1er mars 1944, par les services de propagande
allemands et vichyssois dans toutes les villes et villages de
France. On en estime le tirage à plus de quinze mille.
L'exemplaire des Archives Municipales a été arraché
d'un mur et en porte les traces.
L'affiche veut faire
ressortir le poids des attentats. A cet effet, elle ordonne les
portaits en une flèche dont la pointe est celui de Manouchian.
Les photos de cinq attentats, dont trois attentats ferroviaires,
formant la cible. La légende ("Des libérateurs
? La libération par l'armée du crime !") fait
écho au message de libération nationale que cherche
à faire passer la Résistance.
En dénonçant
nomément certains membres du groupe Manouchian, la propagande
de la Collaboration vise à discréditer, de façon
insidieuse, le combat de la Résistance, lequel serait le
fait d'étrangers et de juifs.
L'"Affiche rouge",
c'est aussi, par Aragon, l'un des grands poèmes que la
Résistance a inspiré :
Vous aviez vos portraits
sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants.
Nul ne semblait vous
voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents.
Bibl. - Henri Noguères, Histoire de la Résistance
en France, de 1940 à 1945, Paris, R. Laffont, 1967-1981,
5 vol., t. 4, pp. 373-375. - Jacques Ravine, La Résistance
organisée des Juifs en France, 1940-1944, préf.
de Vladimir Pozner, Paris, Julliard, 1973, 316 p. - Philippe Garnier
Raymond, L'Affiche rouge, Paris, Arthème Fayard, 1975.
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